L’homme à la canne jaune

« Tout petit, il s’amusait déjà à photographier ce qui l’entourait. Le photographe et journaliste Michel Puech ne savait pas encore qu’il était atteint d’une maladie dite rétinite pigmentaire » écrit Laura Basseti dans Le Journal de l’Ile de la Réunion.

Ce n’est qu’à 46 ans qu’il est obligé de reconnaître que quelque chose ne va pas. Et que, peut-être, il ne voit pas comme tout le monde. Atteint par un mal inexorable qui rétrécit son champ de vision, Michel Puech continue envers et contre tout de photographier le monde comme il le voit. Il déclare en souriant : “Je suis pris par le temps. Vous savez, je suis comme la plupart des gens, si je peux, j’essaye de courir plus vite et mieux que les autres.”

Article de Laura Basseti in Journal de l’Ile de la Réunion du 16 juillet 2003

– Comment a débuté votre passion pour la photographie ?
– J’ai toujours aimé la photo, c’est comme ça. Petit déjà, je photographiais tout ce que je voyais.

– Mais vous étiez malvoyant ?
– Au départ, je ne savais pas que je ne voyais pas comme tout le monde. Ce n’est qu’à 46 ans, en 1994, qu’il a fallu que je me rende à l’évidence. Quelque chose ne tournait pas rond. Je faisais quelque chose, je le faisais bien, et puis le lendemain, je n’arrivais plus à le faire. À l’époque j’étais déjà dans le circuit professionnel, j’étais journaliste et photographe.

– Quel est votre handicap, exactement ?
– J’ai une rétinite pigmentaire. Elle se caractérise par un champ visuel qui se restreint. Mon acuité visuelle varie entre 2/10 en éclairage idéal et 0/10 dans des conditions de photosensibilité maximale.

– Et vous avez décidé de continuer malgré tout ?
– Oui, c’est une bataille, enfin le terme est peut-être un peu fort, ce n’est pas si grave finalement.

– En tant que photographe malvoyant, rencontrez-vous des difficultés particulières ?
– Non, pas spécialement. Il est vrai que je cadre assez serré, ma vision continue de se réduire avec le temps. Mais c’est mon style en quelque sorte.

– Qu’est-ce que vous prenez en photo ?
– Un peu de tout. Des portraits, des événements, des paysages, j’ai eu l’occasion d’ailleurs de visiter et de voir la Réunion. C’est vraiment magnifique. Je prends le monde en photo, tout simplement.

– Pensez-vous que votre regard est différent parce que vous ne voyez pas comme les autres ?
– Je ne sais pas. Moi ce qui m’intéresse, c’est de confronter mon regard à une technique argentique. Je ne travaille pas en numérique. Je travaille avec un boîtier, de manière manuelle, je choisis l’exposition et la vitesse d’après la lumière. Après, ce sont les gens qui décident si c’est bien ou pas.

– Et que disent les gens ?
– Et bien… J’ai des échos plutôt favorables sur mon travail. Sinon, je ferais autre chose ! (conclut-il en riant).

• Une histoire belge

En 1991, le roi Baudouin officialisait la canne jaune pour les malvoyants, à l’instar de la canne blanche pour les aveugles. Une manière de différencier les deux handicaps (un homme à canne blanche qui achète un journal pour le lire, ça peut laisser perplexes quelques personnes). Aujourd’hui, la pratique se développe un peu partout dans le monde, notamment au Québec, qui a toujours la petite longueur d’avance en matière de handicap. Petit détail amusant : une journaliste qui enquêtait sur le sujet part en Argentine et découvre que l’utilisation de la canne pour les malvoyants est chose courante. Sauf que la canne est… verte.
http ://cannejaune.org/

 

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